14 mai 2012

Paris/Vesoul/Villers-sur-Port

Jeudi
Nous sommes accueillis, Emile, Marie et le collectif par Sabrina Auger 
(Ligue de l’enseignement Franche Comté). Alexandra Michon (Résidence Amalgame) nous rejoint, 
et déjà, un petit air de vacances, le midi autour d’une grande table en terrasse.


L’après midi, malgré la chaleur qui nous invite à la paresse, direction le lycée Les Haberges de Vesoul. 
Nous présentons le projet en cours devant des élèves de première calmes et attentifs. Mais pourquoi choisir la fiction quand l’histoire existe déjà ? Et à nous de répondre que la fiction permet de rassembler toutes ces histoires individuelles, et d’en faire ressortir, avec une grande liberté, les multiples facettes.
La fiction aussi, c’est se réapproprier ces images d’archives, leur donner vie, encore une fois, dans leur dialogue avec nos images propres.
L’histoire qu’Emile déroule devant nous, est, c’est vrai, tellement touchante, complexe, que parfois le réel en vient à dépasser la fiction.

Émile

Émile a découvert le monument en souvenir des juifs déportés. Malgré son émotion, il aurait préféré qu’à la place des hommes qui repoussent la menace, les mains devant eux, pour se protéger, il y ait des hommes le poing levé.

On s’entasse dans les voitures direction Villers sur Port.
Chaque bosquet, au fur et à mesure que l’on s’approche, chaque chemin devient plus familier. Revoir cette lumière entre les arbres, ces chemins sinueux, la forêt qui vous engloutit puis le village, enfin, tel qu’on l’avait laissé il y a trois ans.
Nous revenons sur les lieux de notre première résidence artistique, c’est ici que le collectif s’est affirmé, que nous avons trouvé son identité. Des souvenirs qui nous remontent au visage, et des amitiés fortes que nous n’avons pas oubliées.

Détours, Lionel Pralus 2009

Rien , mais les arbres, Lucie Pastureau, 2009
Votre vie est douce et belle, Hortense Vinet, 2009
Et c’est à chacun de venir tour à tour nous saluer. Rien n’a changé mais quand on regarde mieux, les enfants ont grandi, d’autres sont nés, et quelques maisons se sont construites en lisière du village.
 
Vendredi
Émile voulait voir une ferme. Nous l’emmenons sans hésiter chez Sylvia et Philippe, ce dernier nous accueille dans sa combinaison d’apiculteur. 


Des vaches Highlands et des moutons noirs, d’Irlande, des chevaux. Ici, loin du monde, le temps prend de la lenteur.
Il faut déjà repartir, pour présenter La marche au village.
Des questions qui surgissent, l’histoire que l’on re-déroule. Tout ça ravive les mémoires, les parents où grands parents résistants, les Justes.
La frontière que l’on ne discerne presque plus, entre l’Histoire et l’œuvre, tout s’imbrique et s’entremêle, histoire et fiction, passé et présent et c’est tant mieux.
C’est aujourd’hui, dans le climat politique actuel, que l’on prend conscience de la nécessité de cette commande, et de sa contemporanéité.


Samedi /dimanche
Le we passe à une vitesse folle. Encore des apéros, des ballades, une pétanque. De retour chez Sylvia et Philippe, pour un grand barbecue, un homme arrive, improbable avec son grand gilet à frange et son bandana dans les cheveux. Les roues qui crissent, il installe son père dans un fauteuil et avec sa guitare nous chante des airs surannés.






C'est la fiction qui nous rattrape encore, mais l’odeur de fumée qui imprègne nos vêtements dans le train du retour nous dit que tout ça n’était pas un rêve.

Un grand merci à Sabrina Auger et Marie Brillant de la Ligue de l’enseignement Paris et Franche Comté, à la résidence Amalgame et l’association AECA, à Claude Travers et Alexandra Michon pour l’accueil si chaleureux, les familles du village, tout particulièrement les Dirand, Angelika et Urs, Sylvia et Philippe, Lulu et Laetitia et leurs bambins.
Merci au lycée Les Haberges, les élèves ainsi que leur enseignant, Mr Olivier Lichtlé.
Un grand merci à Emile Jarraud.