Jeudi
Nous sommes
accueillis, Emile, Marie et le collectif par Sabrina Auger
(Ligue de
l’enseignement Franche Comté). Alexandra Michon (Résidence Amalgame) nous
rejoint,
et déjà, un petit air de vacances, le midi autour d’une grande table
en terrasse.
L’après midi, malgré
la chaleur qui nous invite à la paresse, direction le lycée Les Haberges de
Vesoul.
Nous présentons le projet en cours devant des élèves de première calmes
et attentifs. Mais pourquoi choisir la fiction quand l’histoire existe
déjà ? Et à nous de répondre que la fiction permet de rassembler toutes
ces histoires individuelles, et d’en faire ressortir, avec une grande liberté,
les multiples facettes.
La fiction aussi,
c’est se réapproprier ces images d’archives, leur donner vie, encore une fois,
dans leur dialogue avec nos images propres.
L’histoire qu’Emile
déroule devant nous, est, c’est vrai, tellement touchante, complexe, que
parfois le réel en vient à dépasser la fiction.
Émile |
Émile a découvert le
monument en souvenir des juifs déportés. Malgré son émotion, il aurait préféré
qu’à la place des hommes qui repoussent la menace, les mains devant eux, pour
se protéger, il y ait des hommes le poing levé.
On s’entasse dans les
voitures direction Villers sur Port.
Chaque bosquet, au
fur et à mesure que l’on s’approche, chaque chemin devient plus familier.
Revoir cette lumière entre les arbres, ces chemins sinueux, la forêt qui vous
engloutit puis le village, enfin, tel qu’on l’avait laissé il y a trois ans.
Nous revenons sur les
lieux de notre première résidence artistique, c’est ici que le collectif s’est
affirmé, que nous avons trouvé son identité. Des souvenirs qui nous remontent
au visage, et des amitiés fortes que nous n’avons pas oubliées.
Détours, Lionel Pralus 2009 |
Rien , mais les arbres, Lucie Pastureau, 2009 |
Votre vie est douce et belle, Hortense Vinet, 2009 |
Et c’est à chacun de
venir tour à tour nous saluer. Rien n’a changé mais quand on regarde mieux, les
enfants ont grandi, d’autres sont nés, et quelques maisons se sont construites
en lisière du village.
Vendredi
Émile voulait voir
une ferme. Nous l’emmenons sans hésiter chez Sylvia et Philippe, ce dernier
nous accueille dans sa combinaison d’apiculteur.
Des vaches Highlands
et des moutons noirs, d’Irlande, des chevaux. Ici, loin du monde, le temps
prend de la lenteur.
Il faut déjà
repartir, pour présenter La marche au
village.
Des questions qui
surgissent, l’histoire que l’on re-déroule. Tout ça ravive les mémoires, les
parents où grands parents résistants, les Justes.
La frontière que l’on
ne discerne presque plus, entre l’Histoire et l’œuvre, tout s’imbrique et
s’entremêle, histoire et fiction, passé et présent et c’est tant mieux.
C’est aujourd’hui,
dans le climat politique actuel, que l’on prend conscience de la nécessité de
cette commande, et de sa contemporanéité.
Samedi /dimanche
Le we passe à une
vitesse folle. Encore des apéros, des ballades, une pétanque. De retour chez
Sylvia et Philippe, pour un grand barbecue, un homme arrive, improbable avec
son grand gilet à frange et son bandana dans les cheveux. Les roues qui
crissent, il installe son père dans un fauteuil et avec sa guitare nous chante
des airs surannés.
C'est la fiction qui nous rattrape encore, mais l’odeur de fumée qui imprègne nos vêtements dans le train du retour nous dit que tout ça n’était pas un rêve.
Un grand merci à Sabrina
Auger et Marie Brillant de la
Ligue de l’enseignement Paris et Franche Comté, à la
résidence Amalgame et l’association AECA, à Claude Travers et Alexandra Michon
pour l’accueil si chaleureux, les familles du village, tout particulièrement
les Dirand, Angelika et Urs, Sylvia et Philippe, Lulu et Laetitia et leurs
bambins.
Merci au lycée Les
Haberges, les élèves ainsi que leur enseignant, Mr Olivier Lichtlé.
Un grand merci à
Emile Jarraud.