27 oct. 2011

Des parcours exceptionnels

Il s'agit ici d'extraits de biographies provenant du site de l'UEVACJEA.
Ces parcelles d'histoires ont été sélectionnées car elles seront pour nous une source d'inspiration directe pour l'écriture de notre scénario.


 Serge Bac (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/76.html)
22e RMVE
« Une partie du trajet se fera à pied, souvent sous des jets de pierres lorsqu’ils traversent des villes allemandes. Juste avant de partir, ses compagnons et lui enterrent leurs papiers d’identité dans la cour d’une caserne où ils sont emmenés et ce, afin que l’on ne découvre pas qu’ils sont juifs. Finalement, ses camarades et lui décident de se dénoncer comme tels afin d’éviter de graves représailles. Bien donc que juif, il est protégé par son statut de prisonnier de guerre (convention de Genève) alors que les espagnols sont envoyés à Mathausen et Buchenwald. »
Lorsqu’il entre chez lui, le 6 juin 1945, la concierge lui annonce que sa femme et son fils n’y sont plus. Ils ont été arrêtés (Abel avait à peine quatre ans), internés à Drancy puis, séparément, envoyés à Auschwitz. Pourtant il avait reçu, tout au long de sa captivité, des courriers provenant de sa femme. En fait, ces courriers provenaient de sa belle-famille qui, réussissant à survivre à Paris, et pour ne pas faire flancher son moral de prisonnier, avait décidé d’endosser l’identité épistolaire de son épouse.
Joseph Bursztyn (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/33.html)
Lorsque la guerre éclata en 1939, il s'engageât comme beaucoup d'étrangers dans l'armée française pour lutter contre le nazisme et fut envoyé dans un hôpital militaire…lorsque les hordes nazi envahirent la France, Joseph Bursztyn fut l'un des premier sa s'engager dans la Résistance. Il vivait  avec sa femme et sa fillette dans des conditions très difficiles, en marge de la légalité et dans un logement clandestin, avec toutes les conséquences que cela entraîne.
Il était chargé avec Mounie Nadler d'organiser le travail parmi les intellectuels pour les entraîner dans la lutte de la Résistance. Il rédigeât également les journaux clandestins "Notre Voie" et "Notre Parole"…C'est l'explosion dans un laboratoire clandestin, ou des partisans juifs préparaient des explosifs, qui fut à l'origine des arrestations massives dans les rangs de la Résistance juive. Elles frappèrent entre autre les rangs des intellectuels, c'est ainsi que Bursztyn fut arrêté au début de juillet 1942 , en même temps que Nadler. Comme l'annonçait le N° 10 de "Notre Voie", Monie Nadler et Joseph Bursztyn furent fusillés le 11 août 1942…Sa courageuse femme a été également arrêtée, elle fut  torturée par les nazis avant de périr en déportation; On sait  que lorsqu'ils s'étaient revus dans le repaire de la gestapo, Joseph Bursztyn avait dit à sa femme: "tiens bon on les aura"
Charles Golgevit (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/52.html)
S'engager en 1939 comme volontaire pour la guerre à l'âge de 29 ans, en laissant une femme et un enfant de deux ans n'est pas une chose facile ni simple…On ne le fait pas de gaîté de cœur…Pourtant, pour moi, ça allait de soi. C'était la suite logique de ma vie : en Pologne, la misère, la discrimination, le travailleur que je suis à l'âge de onze ans, les grèves, les manifestations, la bagarre avec la police, les arrestations remplissaient ma vie quotidienne…

Début juillet 1943, étant prisonnier dans le camp 383 à Hohenfels, Camp pour juifs et autres “fortes têtes“…je commençais à m'inquiéter, pas de nouvelles de ma femme…je la savais dans la résistance (M.O.I.). Notre langage était un peu codé, certaines lettres on été censurées. Fin juillet une carte me parvient d'une “amie“ me disant: «Ta femme a été prise, comme tous nos autres patriotes, elle avait bon moral et était très courageuse, ton fils est en bonne santé, on s'occupe de lui». Le choc fut terrible. Mais ayant confiance dans l'issue de la guerre, j'ai tout fait pour garder bon moral.
Boris Holban (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/77.html)
Je suis affecté au 21éme RMVE dont la base et à Barcarès, près de Perpignan. Nous débarquons le 10 octobre 1939 à la gare de Rivesaltes, et nous rejoignons le cantonnement en pleine nuit. Quand le jour nous permet de dresser l'état des lieux, le résultat est désastreux. Les lits ? Des sacs bourrés de paille posés sur de simples planches. Dehors, les moustiques pullulent et les baraques, assemblage sommaire de planches infestées de puces, sont plantées sur une vaste étendue sablonneuse qui sépare l'étang de Barcarès de la Méditerranée, où s'engouffre la tramontane. Nous sommes pas au bout de nos surprise. La nourriture est précaire est de mauvaise qualité. Encore faut-il avoir de quoi manger. Il n'y à pas assez de gamelle pour tout le monde. L'équipement ne vaut guère mieux ; les «uniformes» sont constitués du rebut de tous les rebuts de l'armée: chaussures et molletières usées et disparates. Vestes grises, pantalons bleus trop courts ou trop longs, distribués ai hasard. Quand à l'instruction militaire, elle est des plus rudimentaire, du fait de l'armement ( nous disposons de vieux fusils de la Première Guerre ), mais aussi du terrain, sans relief, qui ne permet pas d'entraîner les hommes à une guerre de mouvement. Enfin, l'encadrement se compose de sous-officiers et d'officiers de réserve, quand il ne s'agit pas d'anciens officiers de l'armée tsariste, réfugiés en France après 1917. Notre instruction se limite donc à quelques exercices de tir et, surtout, à des marches épuisantes et inutiles. Le divertissement par excellence, pendant ces marches interminables, c'est de chanter, de préférence, les chansons de la Légion étrangère...

Godl (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/55.html)
Fait prisonnier, un jour, en plein hiver, alors que la neige autour du camp atteignait parfois deux mètres de hauteur, il tenta de s'évader, recouvert d'un drap blanc pour se rendre invisible sur la blancheur de la neige. Il coupa les barbelés avec une pince volée au chantier mais du mirador,le garde l'aperçu et ouvrit le feu sur lui. Godl réussit à se sauver malgré tout, les Allemands lâchèrentles chiens à ses trousses et suivirent ses traces dans la neige, où il fut facilement repéré. après avoir fait quelques semaines de prison, il s'évada de nouveau, mais cette fois il réussit à aller jusqu'à la frontière suisse, où il fut repris une nouvel fois et, comme récidiviste et « forte tête », envoyé dans un camp disciplinaire en Norvège. De là-bas,il réussit une troisième fois à s'évadèrent se camouflant dans les cales d'un bateau, parvint en Pologne,où il chercha à atteindre Varsovie. Godl arriva dans la capitale polonaise au moment de la liquidation du ghetto.
Il se mit immédiatement en relation avec les résistants et les partisans de l'extérieur et pénétraplusieurs fois dans le ghetto par les égouts pour apporté des armes. Il prit part finalement à l'insurrection et à la dernière bataille héroïque des derniers juifs de Varsovie, il tomba au champ d'honneur.

Louis Roittman (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/56.html)
Je suis arrivé avec un important groupe de prisonniers de guerre juifs de l'armée française au camp de Baumholder stalag XIIC au courant du mois de décembre 1940. Les P.G. juifs avaient été regroupés spécialement pour ce convoi. A notre arrivée le camp de Baumholder comportait un millier de P.G. de l'armée française, un certain nombre de P.G. juifs qui s'y trouvaient, occupaient déjà des baraques séparées. Nous fûmes à notre tour installés dans ces baraques.
Au début, nous portions comme tous les prisonniers de guerre français l'insigne K.G, sur nos vêtements, mais à peine un mois après notre arrivée à la fin de Janvier 1940, le commande ment du camp imposa au P.G. juifs un insigne particulier, un X qui était apposé sur la poitrine.
Les prisonniers français, comme d'ailleurs les prisonniers polonais qui étaient venus peu de temps après ne portaient pas d'insigne particulier. Cette mesure fut maintenue à l'encontre des P.G. juifs jusqu'a la fin de leur détention.
Un sergent-chef adjoint au commandant du camp mettait un acharnement à persécuter ceux qui pour une raison quelconque avaient enlevé l'insigne ou dont l'insigne n'était pas assez apparent.
Ce sous-officier avait d'ailleurs pour spécialité de persécuter continuellement les P.G. juifs, faisait prononcer à leur encontre des sanction pour le moindre fait ou pour son simple bon plaisir. C'est ainsi qu'il imposait à des baraques entières des exercices punitifs: gymnastique dans la neige et la pluie, etc…
Pendant plusieurs mois , il avait interdit au P.G. juifs de se rendre dans les lavabos pour faire leur toilette et il leur fut répondu qu'ils devaient attendre la pluie pour avoir de l'eau.
Les P.G. juifs étaient affecté à des travaux différents de leurs autres camarades. Ces derniers faisaient pour la plupart des travaux chez des civiles alors que les P.G. juifs étaient chargés des travaux les plus lourds notamment de nature militaire par exemple, des travaux de constructions ou de démolition dans la ligne Zigfrid.
A partir de 1943, un certain nombre de P.G. furent libérés et considérés comme travailleurs civils? les P.G. juifs étant naturellement exclus.
A maintes reprises les P.G. juifs ont protesté auprès du commandant et des commissions de la Croix-Rouge, mais cela n'empêcha pas le maintien de l'ensembles des mesures de discriminations. pendant une certaine période même les colis de la Croix-Rouge ne furent pas délivrés aux P.G. Juifs.

Charles Ser (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/117.html)
A Lyon. je contactais les organisations juives de la Résistance. Envoyé à Roanne (Loire), j'y pris la direction des groupes de combats juifs. A partir du 1er août 1943, nous combattions au sein du maquis F.T.P.F. du secteur Paul Vaillant-Couturier. De mon initiative fut constituée avec l aide des camarades André Colombé (Dédé) ,Français, et Antonio Caligaris (Tony) , Italien la 6è Compagnie F.T.P.M.O.I .du 302è Bataillon Roanne Loire. Elle était! composée de 30 jeunes Juifs et d'un certain nombre de combattants de toutes origines. Cette compagnie prit le nom de Charles Wolmark. assassiné parles nazis en 1944. Nous prîmes part aux combats contre les troupes allemandes battant en retraite en direction de l'Allemagne. Nous avons pourchassé les Allemands jusqu'à 50 km de Roanne. Fin novembre, nous fumes envoyés la frontière italienne, où on nous incorpora dans le 99è Régiment d' Infanterie Alpine.

Joseph Epstein (Colonel Gilles) (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/44.html)
Né à Zamosc (Pologne) en 1911, ville natale de plusieurs grandes figures juives : Dr Schlomo Ettinger, le journaliste Zederbaum, le grand écrivain yiddish Itshak Peretz et Rosa Luxembourg. Zamosc était une ville qui comptait une très forte population juive…
L'environnement et l'atmosphère juive à Zamosc eurent une très grande influence sur Joseph Epstein.
Pendant toute la période qui avait précédé la guerre, la jeunesse ouvrière juive et une grande partie des intellectuels avaient parfaitement ressenti la pesanteur de l'oppression nationale et sociale. L'insécurité, l'absence de perspectives avaient contribué pour beaucoup à ce qu'une grande partie de la jeunesse juive rejoignît l'avant -garde révolutionnaire, alors en lutte contre la politique réactionnaire, bourgeoise et antisémite. Les forces révolutionnaires de la jeunesse juive furent également un grand réservoir pour toutes les immigrations vers les pays d'accueil. La grande majorité de ces jeunes gens partie de Pologne illégalement traversa les frontières.
La tension politique de cette période eut une influence considérable sur les jeunes étudiants, surtout en milieu juif, bien que les Juifs fussent peu nombreux dans les lycées polonais. Début 1926, un contact avait été établi entre organisation communiste et des groupes d'étudiants parmi lesquels se trouvait aussi le jeune Joseph Epstein, alias Jurek…En 1929 il se rendit à Varsovie et s'inscrivit à la Faculté de Droit.
[…]
Il partit de Tours avec son amie Paula, étudiante la Faculté de Médecine. Originaire de Lodz, elle avait émigrée en France en raison du "numerus clausus" imposé aux filles juives de Pologne dans l'enseignement supérieur, pour pouvoir faire des études de pharmacie. En Pologne elle avait déjà fait partie du mouvement des jeunesses communistes. Ses liens avec Joseph étaient donc à la fois d'ordre sentimental et idéologique.
[…]
Joseph Epstein termina brillamment ses études, mais étant étranger, il ne put trouver du travail dans sa spécialité. Il eut des emplois irréguliers et une vie précaire.
[…]
Se distingue en Espagne.
[…]
Epstein lui-même rejoignit le douzième Régiment de marche étranger, (devenu le 22 ème Régiment de Marche des Volontaires Étrangers) un des premiers envoyés sur le front, sur la Somme, prés de l'Aisne.
En mai 1940, Epstein, fait prisonnier, fut envoyé dans la région de Leipzig. En novembre de la même année, malgré le froid et de très mauvaise condition atmosphérique, il réussit à s'évader et à atteindre la Suisse " neutre" Arrêté par les autorités suisses, il fut renvoyé à la frontière allemande. Sachant le sort qui l'attendait, il tenta et réussi une nouvelle évasion à la nage dans les eaux glaciales de l'hiver. Il réussit de nouveau à revenir en Suisse où, dans les locaux du Consulat français, il trouva refuge, on lui procura des papiers légaux de citoyen français; ces documents lui permirent de rentrer à Paris le 25 décembre 1940…
[…]
Le 16 novembre 1943, Joseph Epstein avait rendez-vous avec Manouchian à Ivry. Il est possible qu'ils aient été suivis, ou que leur lieu de rendez-vous ait été connu. C'est là que tous deux furent arrêtés. Ils étaient armés, mais n'eurent pas le temps de se défendre. Ils étaient complètement encerclés. On revêtit Joseph d'un masque de cuir si serré qu'il fit de son visage une masse sanglante. Il fut torturé pendant trois mois. Mais Epstein s' était tu. Ces bourreaux ne purent pas même obtenir de lui son véritable nom…

Extrait du livre de Moshè Zalcman: "Joseph Epstein, Colonel Gilles". De Zamosc en Pologne au Mont Valérien 1911-1944
Parut aux Éditons La Digitale Kerflech-Mellac 29130 Quimperlé

Maurice Kwater (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/84.html)
En août 1941, il est arrêté avec de nombreux autres juifs du 11° arrondissement, par mesure de représailles pour l'exécution de deux officiers allemands par les résistants. Il est envoyé à Drancy ou il continue son activité parmi les internés. Son attitude suscite le respect de tous. Au début de 1942 Moïse a écrit une lettre clandestine à sa femme Paulette: "Des événements graves se préparent. Les nazis prendrons non seulement des hommes mais aussi des femmes. Je te demande avec insistance de passer en zone sud…Je lui ai répondu que je ne pouvais pas quitter Paris car je milite dans la résistance. J'ai reçu une autre lettre de lui, où il me déclare être heureux que j'ai choisi ce chemin dangereux et juste ". Après dix mois d'internement à Drancy, Moïse Kwater est déporté à Auschwitz et assassiné peut après. 
Paulette fut déportée, avec les soixante-dix militants, en juillet 1943. Elle est rescapée des camps.

Marcel Langer (source > http://www.combattantvolontairejuif.org/47.html)

En 1936, c'est l'engagement en Espagne dans les Brigades Internationales. D' abord dans une brigade polonaise, puis la 35 ème division de Mitrailleurs dans laquelle il est nommé lieutenant, après un passage au quartier général d'Albacète. Il épouse une espagnole, Cécilia Molina, mais la défaite des Républicains espagnols le séparera de sa femme et de sa petite fille. Il retourne en France. Interné dans les camps d'Argeles puis Gurs d' ou il s'évade pour rejoindre Toulouse.
De nouveau ouvrier métallo, il reprend contact avec ses anciens camarades de la M.O.I, entré dans la clandestinité….
A Toulouse, la présence de nombreux étrangers, en particulier des réfugiés espagnols accélère la prise de conscience et le passage à l'action.

Les militants d'avant guerre se mobilisent pour organiser l'accueil des réfugiés et exilés. Des filières d'évasion sont très tôt mises en place afin de protéger les hommes et les femmes menacés, une solidarité commune réunit les victimes des fascismes.…

Avec l'occupation le 11 novembre 1942 de la zone sud par les allemands, la M.O.I devient un mouvement de résistance militaire affilié au F.T.P.
Les F.T.P-M.O.I. de la région toulousaine multiplient les actes de guérilla urbaine: destruction d'axes de communication comme les lignes de la S.N.C.F. ou le Canal du Midi, sabotage des pylônes électriques, attentas individuels contre des soldats allemands dans les cinémas et les restaurants. Mais, il y a aussi des destructions de récoltes et des incendies de greniers dans les campagnes environnantes pour faire échec aux réquisitions de l'occupant…
Le 5 février 1943, il est arrêté gare Saint-Agne, à Toulouse, alors qu'il réceptionne une valise remplie de dynamite portée par une jeune résistante arrivant d'Ariège. Durement interrogé, battu, pendu par les pieds, soumis au supplice de la baignoire, il ne donne aucun renseignement à la police sur l'origine et la destination de ces explosifs.